Nouvelles de Delphine

Pour tous ceux qui le souhaitent, une messe sera célébrée ce jeudi, 8 juillet, à 19h30 à Notre-Dame de France, en mémoire d'Emmanuelle.

Je suis maintenant de retour a Londres depuis 3 semaines, avec le chat. La reinstallation a ete dure, ce n'est que maintenant que je commence a prendre toute la mesure des degats causés par 2009. J'essaie de reprendre une vie normale, je suis tres entouree, mais seule en meme temps. Heureusement, j'ai la compagnie du chat.

Christian, Blandine, Manue, Odile, Noyale. Glasgow May Bank Holiday 2005

Les memes, on the road again.

Augustin et Manue, pesée des bouquets au retour de la peche. Ile de Groix, été 2005.

Maman et Augustin avec le butin d'Augustin, etrille, tourteau, araignée, Groix 2005.

Maman et Manue posent a ma demande, sur l'ile de Sheerness-on-sea dans l'estuaire de la Tamise. Novembre 2005.

Photo officielle des 3 ans du chat. 5 octobre 2008.

Lorsque j'écrivais mon dernier message, Maman venait en fait de mourir, jeudi 17 décembre, juste avant minuit. Nous sommes aussitot allés la voir Augustin et moi, elle avait été habillée avec les habits que nous lui avions préparés. Elle était très belle, paisible et sereine, avec un visage lisse d'aucune ride. Nous lui avions acheté une belle cagoule en cachemire gris foncé, car l'idée de l'enterrer sans cheveux etait pénible pour Augustin comme pour moi. Et elle a l'air d'un chevalier du Moyen-Age, d'un de ces gisants que l'on voit en tenue de Templiers allongés sur leur tombeau. Elle est partie vite, sans se réveiller et sans souffrir.

Elle sera enterrée mercredi 23 décembre. Une messe sera célébrée à 14h30 à Notre-Dame des Anges, 102bis rue de Vaugirard Paris 6è, suivie de l'inhumation au Père Lachaise.

Pas beaucoup de changement depuis mon dernier message.

Nous nous installons dans cet immobilisme, preuve que les humains s'adaptent a tout. Maman est bien là, même si nous ne pouvons plus du tout communiquer, et si, au début de son coma nous avions l'impression que nous allions la perdre très vite, maintenant je me demande ce qui pourra a un moment declencher son envol. Nous passons quand même moins de temps a la maison médicale, sans toutefois faire rien d'autre de nos journées. La neige ralentit tout de toutes facons, et nous vivons un peu dans une vie parallele, sans frénésie de courses de Noël ou conscience réelle du temps qui passe. Ce soir nous avons dîné avec ma soeur Diane et c'était un moment très gai. Demain soir ses copains ont organisé pour Augustin un dîner "surprise" pour son anniversaire qui est le 20, je suis très contente pour lui de la perspective. Mais dans l'après-midi ce sera difficile, hier soir nous avons appris qu'une grand-tante, eloignée par les liens du sang mais très proche de nous, est morte dans la nuit de lundi à mardi. Nous allons dans l'après-midi a ses obsèques, au Père Lachaise; nous savons que nous y reviendrons très bientot...

Malgré tout nous continuons à passer de "bons moments" avec Maman, en paix, dans la sérénité qu'elle imprime elle-même dans son repos. Et aussi grâce au personnel de la maison médicale qui est vraiment un endroit exceptionnel.

Maman est stabilisée, hier et depuis dimanche matin pas de changements. Nous avons vu le médecin après qu'elle l'ait examinée et qui a confirmé qu'elle ne souffrait pas. Elle reste exactement la même, respirant très vite et sans aucune réaction aux bruits qui l'environnent mais nous pensons qu'elle nous entend quand même peut-être, alors nous "faisons salon" autour d'elle pour lui tenir compagnie.

Aujourd'hui ça a été dur, et nous avons bien cru que Maman ne serait plus avec nous ce soir. La Maison Medicale nous a appelés ce matin à 8h pour nous dire qu'elle n'allait pas bien. Augustin depuis Levallois, moi depuis le centre, avons sauté dans un taxi. A l'arrivée, j'ai été très touchée de voir toute l'équipe soignante, infirmières et aides-soignants, paisiblement au chevet de Maman, 4 ou 5 personnes au total lui tenant calmement compagnie en attendant que ses enfants arrivent. Ils se sont éclipsés dès notre arrivée, à une minute d'écart l'un de l'autre, et nous avons trouvé Maman bien mal, visiblement très changée depuis la veille au soir, avec un teint gris très inquiétant et un rythme respiratoire et cardiaque très élevés. Nous pensions tous que la fin était là, mais au cours des heures bien que les changements soient très petits, d'une part elle est toujours là, d'autre part elle a retrouvé meilleure mine. Elle reste totalement endormie et pour la premiere fois la communication est totalement coupée, elle ne réagit à aucune stimulation. Mais elle est là. Et elle reste paisible et égale, et sans souffrance.

Le P. Bernard est venu la voir une heure dans l'après-midi et comme il faisait trop froid pour se promener, Augustin nous a traînés faire un massage des pieds chinois... Au retour le P. Bernard a résumé son sentiment en disant que l'on voyait Maman devant bien sur devant effectuer le "grand passage" et que ce n'était pas facile, mais sans qu'il y ait d'ennemi; en effet, elle ne semble pas du tout être en lutte, juste sur un chemin ou maintenant il est difficile de l'accompagner directement. Nous prenons du repos cette nuit, et tot demain matin nous repartirons pour etre aupres d'elle - a moins que l'on ne nous appelle pendant la nuit. L'équipe médicale est toujours aussi gentille et facilite encore une fois au mieux tous les moments passés la-bas.

Maman continue à évoluer doucement. Elle s'est un peu stabilisée sur les trois derniers jours, mais on voit qu'elle s'éteint tout doucement. Elle nous voit et nous entend encore, car nous la voyons réagir lorsque quelqu'un entre dans sa chambre, mais elle ne "communique" plus que par un léger battement de cils, et encore. La plupart du temps elle a les yeux mi-clos et semble somnoler. Du coup nous restons un peu moins longtemps car nous avons le sentiment de la fatiguer. Deux beaux moments dans les derniers jours ont été deux surprenants petits sourires, l'un il y a deux jours lorsque le P Bernard lui disait au revoir avec un de ses poëmes-prières que seul lui sait inventer, l'autre hier soir lorsqu'Augustin lui disait au revoir. Nous la sentons paisible, et toujours sans souffrance physique. Nous sommes dans l'accompagnement et l'attente d'une catastrophe imminente et nous y préparons comme nous pouvons.

De retour de la maison medicale, après avoir fait des courses pour mon diner et nourri mon chat me revoila devant l'ordinateur. Maman, depuis seulement les trois jours derniers depuis mon retour de Londres, évolue rapidement. Hier elle était très fatiguée et toussait, avec grande difficulté. Nous avons vu le médecin qui la suit et avons discuté un moment avec elle. Finalement pour un contenu assez peu informatif, vu qu'elle n'est plus réellement suivie au niveau médical. Mais nous avons pu mettre au clair des choses qui nous tracassaient, Augustin et moi. Maman depuis longtemps a des problèmes de déglutition et ne peut plus boire, elle a été mise sous perfusion hier pour éviter de se déshydrater. Mais nous étions aussi souciés du fait qu'elle s'alimente très peu et avec grande difficulté. Le médecin nous a expliqué que malgré cela ils ne la nourriraient pas par sonde ou perfusion, son corps étant trop fatigué pour gérer cet apport de toutes facons. C'est dur a entendre et ca a toujours été ma hantise, mais en meme temps les temps de repas étaient une épreuve pour elle, et paradoxalement elle ne semble pas amaigrie ni avoir faim, alors ils savent surement ce qu'ils font.

Aujourd'hui encore une marche avait été franchie, elle fait des "fausses routes" donc le médecin a décidé qu'elle ne recevrait plus du tout de nourriture. Et nous voyons qu'elle change de jour en jour. Elle ne toussait^plus du tout ce qui était positif, mais elle ne "parle" plus qu'en clignant doucement des paupières, finis les sourcils et autres mimiques. Nous la sentons extremement affaiblie, mais elle suit tout de meme ce qui se passe dans sa chambre, sous ses yeux mi-clos. Sa respiration est très faible, et elle ne pouvait plus du tout bouger ses bras, mais tout de meme esquisser une petite caresse avec son pouce.

Augustin comme moi, a des moments differents, avons pu lui dire des choses qui nous tenaient a coeur, et elle sait ou elle en est. Il est manifeste qu'elle ne souffre pas et semble très paisible. Néanmoins, parfois elle semble nous poser une question et il est difficile de savoir comment y répondre. La chapelle est devenue un endroit ou nous nous posons, et aujourd'hui c'est Augustin qui a proposé que nous allions mettre une bougie... On rigole parce que le petit Jésus a la meme coupe que lui : il a nettement besoin d'une coupe de cheveux !

Le personnel de la maison est décidement parfait, ils trouvent toujours le positionnement adequat et sont extremement gentils. Il y a seulement un problème : ils sont tous terriblement jaloux des Croc's fourrés que j'ai rapporté de Londres pour Maman, je sens qu'il va falloir organiser une importation en masse.

Longue journée aujourd'hui, c'est toujours dur pour moi quand je revois Maman après plusieurs jours d'absence. Nous l'avons retrouvée en début d'après-midi et elle était dans une profonde sieste. Malheureusement c'est à ce moment qu'est venu lui rendre visite une de ses plus proches amies, ma marraine Dominique de Nantes, qui n'a pas pu communiquer avec elle car elle était trop profondément endormie. Après avoir exploré le quartier des Buttes Chaumont cet été, puis brièvement les alentours de Saint-Louis, nous avons fait un tour dans le XVe en attendant que l'heure de la sieste se passe, et Augustin a déjà reperé les bonnes boulangeries !

Selon un ryhtme maintenant bien habituel, Maman s'est éveillée pour la fin d'après-midi et, si elle ne parle décidément plus du tout nous avons passé deux bonnes heures où les yeux, les mains, les sourcils s'agitent pour remplacer les mots. C'est essentiel de percevoir cette communication et tant qu'elle dure c'est un peu moins difficile. Neanmoins, elle est maintenant clairement trop faible pour parler, boire, manger a part 3-4 cuilleres que la grande patience d'Augustin arrive a lui faire enfourner. Ce soir elle a été mise sous perfusion pour qu'elle ne se deshydrate pas trop.

Je me réinstalle dans son appartement, ainsi que le chat qui a tout de suite retrouvé ses habitudes, et a dormi sur sa table de nuit pour - sans toutefois etre sur le lit - etre au plus proche de moi, juste un peu surelevée, et surveiller que je ne vais nulle part sans elle !

Voila pour aujourd'hui, demain  fete de l'Immaculée Conception, je vais essayer d'aller a la messe à un endroit "sympa", puis nous avons rendez-vous avec Augustin avec le nedecin de la maison de soins palliatifs qui suit Maman; encore une perspective difficile meme si je sais bien sur qu'elle n'a pas de bonnes nouvelles pour nous.

Je me rends compte que mon message d'hier est ambigu. Si j'ai mis des vetements de funerailles dans ma valise, ma mere est bien toujours avec nous, dans sa maison de soins palliatifs a Paris...